Le stockage du carbone dans les sols

Stocker du carbone dans les sols répond à une double urgence : augmenter la productivité agricole et lutter contre le dérèglement climatique. Un taux de croissance annuel de 0.4 % des stocks de carbone dans les 30-40 premiers centimètres de sol réduirait de manière significative la concentration de CO2 dans l’atmosphère liée aux activités humaines. C’est dans le but de valoriser les pratiques visant à cet objectif que l’initiative « 4 pour 1000 » a été lancée par la France le 1er décembre 2015, et regroupe aujourd’hui de nombreux acteurs à travers le monde. Découvrez quels sont ces processus de stockage et quels peuvent en être les bénéfices dans la lutte contre les émissions de CO2, et par conséquence dans l’amélioration de la productivité agricole.

 

Le sol, lieu de stockage du carbone… organique

 

Séquestré sous forme de matières organiques, la quantité de carbone contenue dans les sols est deux à trois fois supérieure à celle de l’atmosphère. Le premier mètre de profondeur des sols mondiaux stocke entre 1500 et 2400 milliards de tonnes de carbone organique. Cela représente un réservoir de carbone organique encore plus important que toute la biomasse des végétaux terrestres ! L’utilisation de ces stocks de carbone organique engendre des flux de CO2 et à des répercussions sur le changement du climat. L’enjeu est donc de limiter ces pertes liées au retournement des terres et d’accroître les stocks par la mise en place de pratiques agricoles vertueuses.

Illustration concrète, en 2013, l’Union européenne a rendu obligatoire pour ces états membres de mettre en place une comptabilité de leurs émissions de gaz à effet de serre, en intégrant les variations de stocks de carbone des sols. En France, ce sont 3 à 4 milliards de tonnes de carbone qui sont stockés dans les 30 premiers centimètres de sol, mais de façon très variable selon l’affectation des sols : si un sol de vigne stocke 30 tonnes de carbone organique par hectare, une prairie permanente d’altitude en stocke plus de 80 tonnes/hectare, alors que par définition, l’artificialisation des sols présente un stockage de carbone organique négligeable.

Comment assurer un stockage additionnel du carbone dans les sols ?

 

Aucune pratique agricole permettant de stocker plus de carbone que dans les forêts n’a pu être identifiée à l’heure actuelle. L’enjeu est donc la mise en place de bonnes pratiques permettant de stocker le carbone dans les sols. 

Pour un coût modéré, deux pratiques permettraient d’atteindre un stockage additionnel de 12 % du potentiel en France en prairies permanentes :

  • Pratiquer l’éco-fertilisation (fertilisation modérée et complète)
  • Extension du pâturage plutôt que la fauche, ce qui favorise le retour au sol de résidus et déjections.

Les sols présentant le taux de carbone organique le plus faible, sont généralement en grandes cultures. C’est donc autour de ces exploitations que réside le plus important potentiel de stockage de carbone organique à travers plusieurs pratiques :

  • Lutter contre les sols nus en mettant en place des couverts et des intercultures.
  • Limiter au maximum les sols nus et le travail du sol ;
  • Associer des légumineuses aux rotations ;
  • Pratiquer une éco-fertilisation visant à un développement racinaire maximal permettre le développement des populations de micro-organismes. 

C’est en pratiquant cet ensemble de mesures au sein de l’exploitation que les sols augmentent le taux de stockage en carbone organique.

 

Et si le stockage du carbone dans les sols augmentait la productivité ?

 

La diminution des taux de matières organiques des sols est l’une des causes clairement identifiée de la baisse des rendements des sols agricoles depuis vingt ans. 

Le stockage de carbone dans les sols sous forme de matières organiques via les restitutions, des intercultures, le  développement des systèmes racinaires, engendre une nouvelle biodynamique des matières organiques dans les sols

En effet, l’entretien de la quantité de matière organique est indispensable à la structure des sols et à leur stabilité vis-à-vis de l’érosion. Elles jouent le rôle de « colle » et permettent l’agrégation des particules minérales avec les argiles au sein du complexe argilo-humique. Elles servent d’alimentation aux organismes vivants qui sont les bactéries, les champignons, les vers de terres, etc. Les bénéfices sont donc à la fois environnementaux et aussi agronomiques.

Les racines des cultures profitent d’une meilleure aération des sols, l’infiltration de l’eau est favorisée, évitant ainsi les phénomènes de ruissellement ou de stagnation. Cette dernière engendrant l’asphyxie des plantes.

Un système racinaire bien développé, c’est une plante plus résistante aux stress biotiques et abiotiques et de ce fait, plus productive.  

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